« J’ai pris ta boue et j’en ai fait de l’or », écrivait Baudelaire. A leur tour, les élèves de 1ères B, C et SI de Mme Storne ont pris leur boue de confinés et l’ont transformée en or poétique.
On vous invite à découvrir quelques uns de ces trésors…
Solitude
Quand tard dans la nuit, vous vous glissez dans mon lit
Vêtue d’un manteau noir ; sous vos yeux illusoires,
Sous vos cheveux ivoires, sous ce teint blafard
Se dessine un profil qui tristement, sourit
Origine de mes insomnies vient raviver ma mémoire ;
Retournons ensemble au temps où j’étais petit
Rappelons-nous des aventures remplies de magie
Ce passé presque oublié changeons-le en Art
Sa face répugnante m’attire hésitante
Solitude inspirante, Solitude ressourçant
Ô ma chère ! sans ce soutien qu’aurais-je pu faire ?
– Vous m’accompagnerez au fin fond de la terre,
Me rappelant de nos bons moments partagés,
Quand même les astres m’auront abandonné
Miyuki
« Cette vieille femme toute ridée »
Cette vieille femme toute ridée,
Dotée d’un fort caractère rancunier,
Se promenait au bord de mon allée.
Nonchalamment, mes fleurs elle regardait.
Depuis ma fenêtre, je l’observais.
Ses cheveux gris horriblement coiffés,
Vêtue de ses vêtements en haillons,
On croyait qu’elle sortait du bataillon.
De confiance en elle, elle rayonnait,
D’un pas fort assuré elle avançait.
Depuis ma fenêtre je l’enviais,
Car des autres, elle se moquait !
Clélia
La Mélancolie
L’heure me regarde et je regarde l’heure
Et depuis cet instant, ne cessent les pleurs
Une atmosphère pleine d’inquiétude
Lors du départ, s’installe la solitude
Sans toi, le bonheur devient impossible
Je fléchis, je vacille, trop sensible
Depuis ton départ, coulent en moi des larmes Larmes, qui me rappelleront ton charme
Ton charme qui retrace les souvenirs
Ce qui manquera c’est ton sourire
Tu resteras enfoui dans mes pensées
Et à jamais, elles resteront ancrées
Nos doux souvenirs qui nous ont lié
Je t’aimerai jusqu’à l’éternité
Cléo
La Serpillère
Toi, qui collectes les saletés du monde
Toi, que l’on soumet au traitement minable
Toi, dont on oublie aussi vite l’admirable
Toi, que l’on croit des plus immondes
Toi, dont le teint blanchâtre est vite attaqué
Se donne, s’use, à la merci du temps
Toi, que l’on abandonne, délaissée
Que l’on oublie tout en t’utilisant
N’es-tu pas pourtant garante de la propreté ?
Toi, dont le pouvoir est si grand
Toi, que l’on use chaque journée
Toi, dont le pouvoir est si grand
Issa
Le Confinement
Un poids sur le cœur qui cause de la douleur par
L’incapacité de quitter la cage ornée
En plus les barreaux ne font rien pour cacher
Le désespoir qui s’accumule sans chance de départ
Le levé du soleil fait rougir le ciel noir
Signalant le début d’une journée identique
Malgré le souhait d’une activité bien atypique
Qui éloignerait du noir qui étouffe chaque soir
– Ceci fait un âge que je suis dans cette Cage
Et le Confinement effectue un tel ravage
Sur mon Esprit et ma Volonté de vivre.
Enfermée entre ces quatre murs, comme un lion au zoo,
Les odeurs passagères du monde dehors m’enivrent
Même avec un ciel bleu comme plafond de mon cachot.
Marie
La pluie
Lorsqu’il y a des intempéries,
Tout le monde cherche le beau temps
Pourtant la pluie a aussi un rôle important
C’est une source de vie
Ce mauvais temps qui nous empêche de sortir
Permet à la nature de grandir, s’enrichir, s’épanouir
Elle permet à la terre de se désaltérer
Pour nous procurer à manger
Ce mauvais temps qui nous empêche de sortir
Nous donne plutôt envie de dormir
La pluie nous brise le moral
A cause d’elle, on râle !
Mais sans elle on serait déshydraté
Elle contribue à notre santé
Nous donne un air renouvelé
Et un peu de vent frais
Laetitia
Moustique
C’est au crépuscule lors du moment tant attendu
Que tu surviens d’une grâce si détendue
Le son de ta danse nous berce telle un hymne résonnant
Et ton chant persistant comme un refrain nous renvoie l’air d’une mélodie hypnotisante.
Dans un sommeil léger et ambigu je ferme mes yeux,
Mais la vibration de ta voix hante mes pensées
Soudainement, me réveillant l’esprit soucieux
Ce que je croyais être un rêve devint vite une réalité.
Ta douce peau se colla à la mienne insensiblement
Ton corps élancé m’aspira d’un plaisir inné libérant alors ses agents coagulants
Mais comment puis-je oublier ta présence qui a laissé derrière elle une trace rougissante ?
Des lors, tu virevoltes gaillardement dans l’obscurité absolue
Et lorsque l’aurore se révolte tu ne deviens plus qu’un inconnu
Malheureusement à tes yeux je n’étais une fois de plus qu’une proie appétissante…
Kelly
L’Oubli
Quel était ce parfum de roses séchées ?,
Quel était ce mot ? – un nuage le camouffle –
Ce linge de lin blanc léger comme un dernier souffle,
Quel était son nom, à la petite aux cheveux bouclés ?
L’Esprit vaporeux flotte comme un son.
Si peu de secrets ne subsistent dans ce cerveau
Ce gros meuble à tiroirs vides, ce livre sans mots
Qui cherche à saisir ce qui lui échappe de plus profond
L’Oubli épargne et désencombre la mémoire,
Mémoire désinvolte, voleuse d’un soir.
Du bouquet de rose qu’on m’a apporté
Ne restera qu’un doux parfum d’été,
L’image des pétales s’est envolée
Un souvenir, vague, éphémère, parti.
Maariyah